Constipation et laxatifs : tout n’est pas dans le médicament


La constipation est un problème très courant de nos jours. Essentiellement car elle est le reflet de notre vie quotidienne : plus de sédentarité, alimentation appauvrie en fibres, hydratation inadaptée… nombreuses sont les raisons pour que notre vie moderne ne facilite pas notre transit.

Les laxatifs : attention à leur usage prolongé

Les laxatifs sont des médicaments destinés à faciliter le transit. On distingue les laxatifs osmotiques, les paraffines, les laxatifs de lest et les laxatifs irritants.

Laxatifs osmotiques

Les laxatifs osmotiques ont pour but d’augmenter la quantité d’eau dans nos selles. L’effet secondaire le plus commun est d’engendrer des selles liquides, ce qui n’est pas très agréable. Ils peuvent aussi engendrer une perte de potassium sanguin. Leur usage prolongé ne pose en général pas de problème.

Paraffines

Les paraffines sont des corps gras, non absorbables, qui vont se retrouver dans le côlon et faciliter l’évacuation. Leur utilisation pour un usage prolongé n’est pas souhaitable, car la présence de ces corps gras dans l’intestin grêle risque de gêner l’absorption de certaines vitamines liposolubles (vitamines A, D, K et E). Ils sont donc adaptés pour un usage ponctuel, pour passer un cap.

Laxatifs de lest

Les laxatifs de lest augmentent le volume et la souplesse des selles. Ce sont en général des produits végétaux (mucilages) que l’on peut trouver dans les rayons diététiques de supermarché ou les magasins bio (psyllium, graines de lin, son de blé), ou en pharmacie (Polykaraya, Spagulax,…). Ils ont peu d’effets secondaires, essentiellement des ballonnements en début de traitement ou une augmentation de la fréquence des selles. Ils n’engendrent ni accoutumance, ni toxicité. On conseille souvent la prise à distance de certains médicaments, dont ils peuvent entraver l’absorption (hormones thyroïdiennes, médicaments pour le cœur, …). Ils peuvent être pris au long cours.

Laxatifs irritants

Les laxatifs irritants fonctionnent par des micro-lésions de la paroi intestinale. En réaction, l’intestin va produire plus de mucus, qui va se mêler aux selles et accélérer le transit. On trouve ce type de laxatif dans des produits « naturels » tels que le séné, la bourdaine, la rhubarbe. On peut en trouver en pharmacie, sous la forme essentiellement de Bisacodyl (Dulcolax, …). Ces médicaments sont adaptés pour un usage ponctuel. Leur usage prolongé expose à un risque de lésion chronique de l’intestin (mélanose colique) qui peut conduire à une maladie irréversible de l’intestin (colite aux laxatifs). Ils ne doivent donc en aucun cas être utilisés au long cours. Malheureusement, ces produits font l’objet de nombreuses campagnes marketing, avec publicités à la TV, ou dans les magazines, ce qui laisse suggérer un usage inoffensif. On trouve un grand nombre de produits qualifiés de naturels contenant ces laxatifs irritants (tisanes, herbes), dont la nature est parfois peu explicite. Leur usage ponctuel n’est souvent pas clairement expliquée, et par conséquent, peut conduire à un mésusage.

 

Si je suis constipé…

En cas de constipation, il est très important de se poser la question de sa cause. Si son apparition est brutale ou récente, une consultation auprès du médecin traitant est nécessaire, afin d’évaluer sa signification. S’il le faut, une coloscopie devra être réalisée afin d’éliminer une cause grave (polype ou tumeur). Si en revanche, cette constipation est ancienne et bien installée, il faut se poser la question de son mode de vie : hydratation, consommation de fibres, activité physique, …

Si un traitement laxatif est instauré, il faut se poser la question de son usage prolongé. Les laxatifs irritants et les paraffines doivent être utilisés en « roue de secours ». Les laxatifs osmotiques, ou mieux les laxatifs de lest peuvent être utilisés au long cours sans grande inquiétude. Le traitement laxatif doit être réévalué après quelques semaines.

Et la kinésithérapie ?

Certaines constipations peuvent bénéficier d’une prise en charge par kinésithérapie, c’est en particulier le cas de la constipation dyschésique, en lien avec une mauvaise synchronisation entre la poussée abdominale et les muscles de l’anus (sphincters). C’est souvent le cas chez la femme, surtout en cas d’antécédent d’accouchement. On utilise dans ce cas une rééducation périnéale, qui associe de simples exercices à poursuivre à la maison et une technique avec une sonde anale qui s’appelle le biofeedback.

On peut aussi avoir recours à la kinésithérapie en cas de constipation apparaissant dans les suites d’une opération abdominale, en raison d’adhérences abdominales (cicatrices internes et profondes qui peuvent « emprisonner » l’intestin). Ce type de constipation peut apparaitre plusieurs dizaines d’années après l’intervention en cause. On utilise dans ce cas une kinésithérapie par massages abdominaux profonds, de la physiothérapie, et le LPG (ou le palper-rouler manuel).

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